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Consultation nationale: Quel intérêt?

La professeure en droit constitutionnel, Mouna Kraïem, le sociologue Hassen Kassar, ainsi que le PDG de Sigma conseil, Hassen Zargouni, étaient sur le plateau de Midi Show, ce jeudi, pour discuter de la consultation nationale et de ses objectifs.


La professeure en droit constitutionnel considère qu'il ne faut pas accorder à cette consultation nationale plus d'importance qu'elle ne mérite, d'autant plus qu'elle n'est pas la solution aux problèmes du pays.
Elle s'est interrogée donc sur l'objectif de la consultation et sur le mystère qui l'entoure, soulignant que certaines questions, comme le régime poliique qu'on préfère, des étudiants en droit ne sont pas capables d'y répondre. "Beaucoup d'entre eux ne peuvent pas faire la différence entre les divers régimes,  alors que dire du commun des mortels ?", s'est-elle exclamée.
 
Mouna Kraïem a évoqué aussi la première question posée : "dans quelle mesure êtes-vous satisfait-des dix dernières années?" "Pourquoi le choix de cette période, d'autant plus que la majorité va répondre "peu satisfait", s'est elle demandée.
Et d'ajouter :"les questions doivent être claires et pertinentes. Il est inutile qu'elles soient du type "Considérez vous qu'il faut ajuster la loi électorale ?" La réponse est déjà connue et il est plus pertinent de poser des questions sur la façon de le faire".

Mouna Kraiem a conclu en disant que ce qui l'intéresserait c'est de savoir qui va travailler sur les résultats de cette consultation qui n'aurait pas dû avoir lieu, dans une ambiance tendue comme cela est le cas, actuellement en Tunisie.

Le sociologue Hassan Kassar, a quant-à lui considéré que cette expérience était positive, mais certaines questions ne sont pas à la portée de tout le monde, d'autant que les Tunisiens ne sont pas supposés tout comprendre.
"La plupart des participants à cette consultation seront des partisans des choix du président de la République", souligne le sociologue qui s'est interrogé comment on peut refuser cette consultation nationale, alors que nous avons supporté Marzouki, comme président de la République, avec seulement les 7000  des restes des voix qui lui ont permis de se trouver à l'Assemblée constituante et par des députés avec un taux de représentativité  dans certaines circonscriptions ne dépassant pas les 30%?

Le directeur général de Sigma Conseil, Hassan Zargouni a, pour sa part, considéré que le fait que le président de la République veuille consulter les Tunisiens est une bonne initiative mais il faut le faire d'une façon scientifique et précise. "En statistiques, il y a deux erreurs récurrentes. La première concerne l'échantillonnage qu'on résout, grâce à des techniques bien déterminées. La deuxième c'est qu'on ne peut parfois pas être sûr de la véracité et de l'objectivité du résultat. C'est comme lorsqu'on pose une question  sur avoir ou non foi en Dieu, devant une mosquée... Le résultat sera certainement 100% "oui", mais il  sera incorrect.
En effet, cette consultation qui ne se fait pas selon une méthode scientifique et rigoureuse, pourrait être  instrumentalisée à des fins politiques.

Hassan Zargouni a donné des chiffres qui pourraient influencer les résultats de cette consultation, comme 26% des Tunisiens n'ont pas accès à internet, 20% sont analphabètes et 15% seulement ont des diplômes supérieurs.
"Il est donc important quand on donne les résultats de cette consultations de préciser que ceci représnete l'avis des participants et non de tous les Tunisiens", conclut Hassan Zargouni.

 

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